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« Nature urbaine » de Caroline Leite

 

Caroline Leite est une artiste plasticienne, photographe et sculptrice diplômée de l’école des Beaux-Arts de Versailles, sa ville natale.

Depuis maintenant près de 10 ans, son travail est marqué par la thématique du temps et celle de la dégradation, qui sont intimement liées, mais aussi par ce qui passe, qui se déconstruit et se renouvelle.

Elle puise son inspiration dans les ruines urbaines, dans les rues des villes dans lesquelles elle déambule. L’artiste pose alors un regard particulier et différent sur ces lieux, ces objets laissés à l’abandon, sur ces choses vues par la plupart comme insignifiantes.

Elle cherche ainsi à retrouver « de la poésie dans des lieux où l’on en voit plus ».

Le matériau phare des productions de Caroline, c’est le béton. Il est le support de bon nombre des modes d’expression de l’artiste (la photographie, le dessin, la gravure et la sculpture). « Bétonner », c’est donner une dimension d’immuable et défier la vieillesse et la mort. En effet, ses propriétés chimiques, physiques et mécaniques le rendent apte à traverser le temps, à durer.

C’est ainsi qu’avec cette pratique, l’artiste cherche à capturer pour l’éternité des lieux, des objets, des corps, afin de les projeter dans le futur, et leur permettre de se perpétuer.

Ce matériau contemporain est travaillé de telle sorte que l’oeuvre semble sortie de terre, tel un vestige datant de millions d’années.

Dans son processus créatif, Caroline vieillit le béton, elle vieillit les images, les visages et les corps sculptés, afin de les plonger dans un passé lointain, et leur donner une histoire. Elle anticipe ainsi la place du présent dans le futur, en créant des ruines contemporaines qui auront place de vestige du passé dans le futur.

Ce process, Caroline l’utilise pour ses séries de sculptures en béton à la manière antique de visages, bustes et corps.

L’artiste se transforme en archéologue du présent : ces oeuvres ne proviennent ni du passé, ni de fouilles archéologiques, mais sont bien comme des fossiles du temps présent.


Il y a aussi la photographie qui lui permet d’exprimer cette notion de temps qui passe, de construction/déconstruction, avec pour sujets des lieux urbains abandonnés, délabrés, que plus personne ne regarde, que plus personne n’habite.

Son intérêt est ainsi exprimé : « J’aime ces endroits, cette ambiance, ces presque ruines, et surtout j’aime les mettre à nu. Je me projette dans ces lieux, je les observe, je les habite, je les vieillis, je les perdure ».

L’artiste développe ses photographies aussi bien sur le papier que sur le béton, toujours en noir et blanc, pour restituer parfaitement l’intemporalité recherchée.

Sur papier, les photographies de paysages urbains abandonnés sont superposées à des gravures de végétaux, symbolisant ainsi la puissance de la nature qui survit à tout, et qui finit toujours par reprendre ses droits.

Sur béton, rendu photosensible par un procédé chimique, toujours ce même sujet de prédilection : l’histoire d’un lieu à l’origine « sans âme », le passé de villes champignons qui n’ont pas eu d’histoire. Ces photographies inventent l’histoire des poussières, des débris, tout en devenant elles-même des vestiges, des ruines.

C’est au Pavillon des Arts et du Patrimoine de la ville de Châtenay-Malabry que l’artiste expose à partir du 15 juin 2021 et ce jusqu’en septembre. Au coeur de cette exposition intitulée “Nature urbaine”, vous pourrez découvrir cet univers, à l’ambiance mélancolique de souvenirs, de mémoire et d’histoire. Vous découvrirez ces “ruines urbaines”, ces lieux et ces visages d’un présent déjà passé, à travers ses sculptures, photographies et gravures.

 

 

 

 

 

 

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